Interview d’Élisabeth Crépon


En séance plénière du 10 juillet 2018, les membres de la CTI ont élu la nouvelle présidence de la CTI pour un mandat de deux ans (consulter le communiqué de presse). Elisabeth Crépon a consacré l’essentiel de sa carrière professionnelle à la formation et aux écoles d’ingénieurs. Aujourd’hui nouvellement présidente de la CTI, elle oriente ses ambitions en quatre axes : le positionnement de la CTI, ses moyens et son organisation, le travail partenarial, et les évolutions du métier d’ingénieur. Découvrez en interview les grands enjeux de la nouvelle présidence 2018-2020.

Le numérique fait partie des champs d’action prioritaires sur lesquels vous souhaiteriez avancer pendant votre mandat. Pourriez-vous nous en dire plus ?

L’enjeu prioritaire dont doit se saisir la CTI est le numérique. Celui-ci transforme l’ensemble des métiers et des outils, et propose une nouvelle approche de l’ingénierie dès les phases de conception.

Récemment, le rapport Villani sur l’Intelligence Artificielle (IA) a été remis au gouvernement.

L’ensemble de l’écosystème de l’ingénieur est en mutation : l’ingénieur de demain devra pouvoir répondre aux besoins des entreprises qui relèvent du numérique ou encore de l’IA. Ce sont des compétences transverses qui seront essentielles.

De quelle manière la CTI va se saisir des enjeux du numérique ?

De nombreux groupements d’acteurs se réunissent déjà autour de ces enjeux. Je souhaiterais qu’ils puissent intervenir dans un futur proche devant la CTI pour partager leurs expériences, leurs stratégies, et leurs visions de l’avenir.

J’aimerais que la CTI réfléchisse à l’adaptation des formations d’ingénieur à cet enjeu majeur, duquel découlent bien évidemment des questions d’ordre technique mais aussi éthique.

Par ailleurs le numérique va devoir être un élément important du référentiel de la CTI (R&O), ainsi que des cursus prévus par les écoles d’ingénieurs.

Ce n’est bien évidemment pas un sujet nouveau pour la CTI, mais ce sera la première fois qu’elle s’en saisira de façon prioritaire.

Comment envisagez-vous l’écosystème partenarial de la CTI ?

Il est essentiel que la CTI mobilise largement les experts afin de contribuer à ses travaux et ses évolutions. Je souhaiterais approfondir les pratiques déjà en place, et pour cela nous avons d’ores-et-déjà lancé un appel à candidatures et intérêt.

De manière générale, le travail étroit sera renforcé avec toutes les parties-prenantes de la CTI, dont le Ministère et le Hcéres.

La mise en place des audits coordonnés Hcéres-CTI était une décision stratégique et symbolique qui avait été initiée sous la présidence de Laurent Mahieu, dont le processus se verra accéléré.

Quelles sont les ambitions de la CTI sur le plan européen et international ?

La CTI continuera à mener des actions communes, telles que la co-organisation en mai 2018 du colloque sur le processus du Bologne avec la CDEFI, ou encore la publication de la contribution commune sur l’évolution du processus de Bologne.

Par ailleurs, la CTI maintiendra une présence forte au sein des instances européennes et internationales telles que l’ENQA et ENAEE.

Cette présence a permis à la CTI d’être considérée comme un partenaire par plusieurs gouvernements étrangers qui souhaitent développer leur agence d’accréditation.

Elle est sollicitée par un nombre croissant d’établissements étrangers pour l’admission par l’État de leur diplôme, ou pour l’attribution du label EUR-ACE.

Dans quelle direction le référentiel mis en place par la CTI (R&O) va évoluer ? 

La nouvelle version du référentiel sera validée d’ici la fin de l’année 2018.

Lors des prochaines évolutions, et lorsque nous aurons pu travailler plus précisément sur ces aspects, les enjeux du numérique y seront intégrés, mais aussi probablement des ajustements liés à la réforme de l’apprentissage en cours.

Vous avez été vice-présidente de la CDEFI depuis 2015. Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux directeurs d’école ?

Je souhaiterais que les directeurs d’école s’investissent toujours plus au sein de leur communauté, afin de faire évoluer ensemble la formation d’ingénieur.

Il y a un véritable modèle de la formation d’ingénieur « à la française » qu’il nous faut continuer à promouvoir et valoriser à l’international.

ELISABETH CRÉPON

est directrice de l’ENSTA ParisTech depuis 2012 et vice-présidente de la CDEFI depuis 2015. Auparavant, elle était directrice des relations extérieures de l’École polytechnique de 2003 à 2012 ; directrice de la formation et de la recherche de l’ENSTA ParisTech de 1997 à 2002 ; en charge des études amont dans le domaine des matériaux énergétiques au sein de la Direction Générale de l’Armement (DGA) de 1995 à 1997 ; en activité à Seaflower Associates (Boston, USA) (cabinet spécialisé dans le business development pour les entreprises innovantes) de 1994 à 1995 ; après avoir débuté sa carrière comme chargée de mission dans le domaine des biotechnologies à la direction de la recherche et de la mission dans le domaine des biotechnologies à la direction de la recherche et de la technologie de la DGA.

Élisabeth Crépon est diplômée de l’École polytechnique (X83), ingénieur de l’armement, docteur en chimie organique (Université Paris Sud).

Afin d’éviter les conflits d’intérêt et de se rendre plus disponible pour sa nouvelle mission de présidente de la CTI, Elisabeth CRÉPON compte démissionner de son mandat de vice-présidente de la CDEFI.