Le Réseau Méditerranéen des Écoles d’Ingénieurs (RMEI) questionne l’accréditation 


Colloque RMEI

Le RMEI organisait en avril 2018 son 2ème Colloque en Méditerranée consacré aux questions liées à l’accréditation. Ce réseau rassemble une cinquantaine d’écoles implantées dans une douzaine de pays (dont 6 en France). Voici ce qu’on pouvait lire sur le site web du réseau en présentation du colloque :

« Les enjeux compétitifs des entreprises sont aujourd’hui mondialisés. L’affrontement concurrentiel qui en découle se joue désormais sur leur capacité à s’adapter aux accélérations des mutations technologiques.

L’innovation est devenue une priorité dans les stratégies économiques, commerciales et industrielles. Le rôle de l’ingénieur s’en trouve profondément affecté. L’hybridation de ses compétences est devenue une nécessité. Elle doit conjuguer les aspects techniques, managériaux et numériques. En conséquence, les écoles d’ingénieurs sont appelées constamment à repenser la formation dispensée et à garantir son adéquation et sa reconnaissance à l’international.

Les référentiels d’assurance qualité et d’accréditation constituent pour les établissements d’enseignement supérieur des outils indispensables pour la reconnaissance, la maîtrise et l’amélioration continue des processus de formation.

Le colloque Med-Accred, par ses conférences, ses ateliers et ses tables rondes, se veut un rendez-vous annuel d’information, de formation et d’échange pour permettre aux écoles d’ingénieurs de suivre les évolutions en matière d’accréditation et d’assurance qualité. »

Retour sur l’évènement

La CTI a été invitée à présenter les accréditations CTI (l’admission par l’état) et EUR-ACE®, à la fois en raison de la thématique qui est son cœur de métier, en raison des liens établis notamment avec l’agence tunisienne, mais aussi en raison de l’intérêt à soutenir les écoles engagées dans des démarches collectives au sein de réseaux institués.

Ce colloque réunissait à Marrakech une cinquantaine de participants venant du Maroc, de Tunisie, du Liban, d’Egypte, de Palestine et de France, autour de présentations variées :

  • Présentation de démarches institutionnelles : instances nationales d’accréditation du Maroc (ANEAQ, créée en 2016) et de Tunisie (IEAQA) ; le référentiel marocain de l’assurance qualité est en cours de finalisation.
  • Présentation de plusieurs labels : AACSB (label américain datant de 1916 pour les écoles de commerce qui institue un rapport annuel de suivi dit « rapport de maintenance ») ; ABET (pour les programmes d’ingénierie de niveau Bachelor, créé en 1938) ; EUR-ACE® ; CTI.
  • Présentation historique et actuelle très documentée : « Les référentiels d’assurance qualité : enjeux et défis » (Professeur Ahmed Cheik Larbi, Tunisie), qui a mis en perspective les grandes étapes des travaux de l’UNESCO en 1998, 2008 et 2018 ; les référentiels ESG (Europe) ; AfriQAN ; AQI-Umed ; CAMES (Afrique et Madagascar) ; RECET (Maroc, projet Tempus).

Des établissements ont présenté des actions remarquables, telles que :

  • La « Quality week » de l’université de Naplouse (Palestine) qui vise à sensibiliser tous les acteurs à l’assurance qualité ;
  • Le programme de développement de l’employabilité déployé par l’ESITH à Casablanca, qui décerne des trophées aux entreprises ;
  • Le programme HOMERE déployé par le RMEI (entre les établissements) pour faciliter la recherche de stages à l’étranger, avec le soutien de l’Union pour la Méditerranée.

Signalons que le RMEI porte en ce moment un projet d’études sur l’égalité de genre dans les écoles d’ingénieurs, intitulé « gendertarget ». Compte tenu de la diversité des situations nationales, le réseau constitue un terrain riche pour les analyses croisées.

Il est à noter que, sans se concerter, trois interventions se sont conclues par un appel à ce que les ingénieurs de demain (et d’aujourd’hui) prennent en compte les défis émergents tels qu’ils ont été formulés dans les 17 objectifs du développement durable de l’ONU pour 2030. En l’occurrence il s’agissait de l’intervention du Professeur Larbi de Tunisie (portant sur les défis de l’assurance qualité), du Professeur Fotiadu  de Centrale Marseille (portant sur les 5 évolutions majeures du profil de l’ingénieur) et de Laurent Mahieu de la CTI (portant sur les référentiels d’accréditation CTI et EUR-ACE®).

Ce colloque a permis à la CTI de rencontrer ses partenaires tunisiens avec lesquels elle est engagée dans l’accréditation EUR-ACE® des programmes de formations d’ingénieurs de niveau Master en Tunisie, avec la participation d’experts académiques et professionnels tunisiens, et avec le soutien de l’AUF.

Le rôle de la CTI

Au fil des discussions, il est apparu important pour nos interlocuteurs que la CTI puisse mieux expliciter les différences entre les démarches « Admission par l’état » et « label EUR-ACE® » tant du point de vue des démarches, des exigences, des finalités, que de l’utilité. Les attendus de la formation ne sont pas les mêmes : le référentiel CTI comporte des exigences plus précises sur le cadre de la formation et les contenus. Les documents de présentation des deux démarches existent mais pas encore le document comparatif !

Du point de vue international, une clarification de langage faciliterait la communication si l’on dénommait :

  • « Accréditation CTI » la démarche conduisant à l’admission par l’Etat suite à une évaluation réalisée sur la base du référentiel CTI.
  • « Accréditation EUR-ACE® » la démarche conduisant à l’attribution du label EUR-ACE® suite à une évaluation sur la base du référentiel ENAEE.

Face à la demande grandissante, la CTI devra s’interroger sur l’évolution de ses démarches internationales d’accréditation afin de ne pas peser de façon exagérée sur le déroulement des accréditations en France et les moyens afférents (membres, experts, équipe permanente, greffe, plénières). De façon prioritaire, il serait nécessaire de se demander si les missions internationales doivent toujours être conduites par un tandem de membres de la plénière, et s’il est envisageable que l’examen d’accréditation sur la base du rapport de la mission d’évaluation puisse se faire au sein d’une sous-commission spécialisée.