Interview d’Elisabeth Crépon : bilan 2020 et perspectives 2021


Bilan général

Quel regard portez-vous sur l’année 2020 qui vient de s’écouler ?

C’est une année inédite. Cette crise sanitaire nous a obligés à faire preuve d’une adaptation et d’une réactivité sans précédent. Du côté de la CTI, nous avons adapté en temps réel nos modes de fonctionnement, tout en continuant à traiter les dossiers et mener à bien des projets ambitieux. Avec un maître mot : être à l’écoute des écoles et les accompagner dans cette période.

Je pourrais résumer cette année 2020 en deux mots : dense et passionnante.

Gestion de la crise sanitaire

Quels ont été les impacts de la crise sur les activités et missions de la CTI ?

De manière générale, les adaptations de nos procédures ont complexifié le traitement des dossiers et induit une charge de travail supplémentaire importante pour la Commission et l’équipe permanente, mais nous avons été vigilants à ce que les dossiers soient traités dans le calendrier prévu.

L’impact de la crise s’est particulièrement fait ressentir pour les audits à l’international (label EURACE ou reconnaissance par l’Etat français). En effet, il n’était pas envisagé d’auditer en distanciel des établissements qui sollicitaient une première accréditation et que nous n’avions jamais visité auparavant. Nous avons donc pris la décision de les reporter en ayant conscience des conséquences négatives pour certains.

Je souhaite d’ailleurs remercier les écoles, les membres et partenaires de la CTI, l’ensemble de nos parties prenantes, et notre équipe permanente pour leur travail remarquable et leur soutien. Avec une mention particulière pour le BNEI avec lequel nous avons travaillé de façon étroite afin de soutenir les élèves ingénieurs.

En quoi la CTI a été un soutien pour les écoles pendant cette crise ?

Deux pans de mesures ont été mis en place :

D’une part, nous avons adapté en temps réel le référentiel d’évaluation R&O. La CTI a communiqué aux écoles les processus évolutifs et l’adaptation des critères à trois reprises au cours de l’année. Notre objectif premier a été de permettre aux écoles d’adapter la mise en œuvre de leur cursus aux contraintes imposées par la crise sanitaire sans renoncer, et c’est un point fondamental, aux compétences visées par le diplôme. Il s’agissait donc de donner très rapidement des marges de manœuvre aux écoles afin de leur permettre d’être innovantes pour mettre en œuvre des modalités pédagogiques adaptées permettant l’atteinte des compétences associées au diplôme.

D’autre part, nous avons ajusté nos procédures afin de réaliser la campagne d’accréditation et tenir le rythme pour les nouvelles formations, en tenant compte des contraintes imposées aux écoles. Avec quelques adaptations de calendrier, notamment pour la remise des rapports, nous avons finalisé la vague A et débuté la vague B quasiment dans les délais.

Par ailleurs nous nous sommes tenus disponibles pour les écoles au cas par cas, ce qui impliquait parfois d’adapter le calendrier à leur demande.

Concernant le distanciel, les modalités et les adaptations que nous avons mises en place ont été très bien accueillies. À ce sujet je souhaite mettre en avant le travail réalisé par la CTI sur le distanciel dans les enseignements.

Plus d’informations sur les adaptations des procédures de la CTI.

Première campagne d’évaluation de Bachelor

Au sujet de l’évaluation des formations de Bachelor : quel bilan tirez-vous de cette première vague d’attribution du grade de licence ?

Le bilan est positif : nous avons réussi dans un délai contraint après la parution de l’arrêté sur les grades universitaires en janvier 2020, à concevoir un référentiel et dérouler une campagne complète d’évaluation. Ainsi le processus initié début 2020 par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur, qui a confié à la CTI l’évaluation de ces nouveaux programmes portés par les écoles d’ingénieurs, est arrivé à son terme le 12 janvier 2021 avec la présentation en CNESER des programmes qui seront accrédités pour l’attribution du grade de licence.

Nous constatons tous qu’un travail fructueux et de qualité a été réalisé sur ce dossier qui nous a conduit notamment à travailler conjointement avec la CEFDG sur les programmes dits « hybrides » visant l’acquisition d’une double compétence en management et en ingénierie.

Beaucoup de demandes concernaient des programmes dans le domaine du numérique (la moitié des programmes évalués), aux côtés des domaines de la construction, de l’agriculture et de l’environnement.

Nous prévoyons dès à présent d’initier un retour d’expérience sur cette première campagne en interne et avec l’ensemble de nos parties prenantes.

Plus d’informations à ce sujet

Programmation de la vague C (2021-2022)

Au sujet de la programmation de la vague C, quelles sont les dernières informations à retenir ?

Il est important de préciser ici qu’il y aura à partir de 2021 un report des vagues périodiques d’évaluation, à commencer par la vague C.

Généralement, le colloque annuel de la CTI est l’occasion de lancer la prochaine vague d’évaluation périodique, mais compte tenu du report de la vague C, le colloque 2021 initialement prévu en février est reporté à une date ultérieure.

Durant ces prochaines semaines, nous allons préciser la programmation afin de revenir vers les écoles concernées avec toutes les informations nécessaires. Ce report sera l’occasion de procéder à une révision de R&O en profondeur comme nous le faisons tous les 3 ans avec en particulier comme objectif de le simplifier.

Evolution des critères et du référentiel de la CTI

La CTI a-t-elle travaillé sur l’évolution de ses critères sur la période passée ?

Label Qualiopi

Je souhaite saluer le travail important effectué par le groupe de travail sur la certification Qualiopi sous l’égide de France Compétences auquel participent des représentants de la CTI et du Hcéres. L’analyse des référentiels des deux agences par rapport aux critères Qualiopi a été présentée à l’occasion de la conférence du 3 novembre dernier qui a permis de confirmer la couverture quasi complète des critères Qualiopi dans les procédures de la CTI. Afin d’aboutir à une couverture totale, la CTI apportera quelques modifications mineures à la version 2021 de son référentiel R&O.

Rappelons que les établissements d’enseignement supérieur évalués par le CCESP, la CTI, et le Hcéres bénéficient d’un régime dérogatoire et sont réputés satisfaire l’obligation de certification qualité prévue par la loi du 5 septembre 2018. Ils peuvent par conséquent bénéficier de financements pour la mise en œuvre de formations continue et apprentissage, sans toutefois pouvoir bénéficier du label.

Les travaux de ce groupe de travail se poursuivront en 2021.

Numérique

La CTI a lancé dès 2019 un travail de fond sur le numérique. Les travaux se sont poursuivis en 2020 et continueront en 2021 notamment compte tenu de l’impact important de la crise sanitaire sur les outils et méthodes d’enseignement au sein des écoles.. Notre objectif est de pousser la réflexion sur cet enjeu majeur afin de le prendre en compte dans la prochaine version de R&O.

Responsabilité sociétale

Dans le contexte de l’intensité et de l’urgence des problématiques sociétales, la CTI a lancé à la rentrée 2020 un groupe de travail dont l’objet est de faire évoluer la prise en compte de la responsabilité sociétale et les dimensions technologiques du développement durable dans R&O, et de préparer les équipes d’audit à l’évaluation de ces dimensions dans les formations d’ingénieurs.

Il s’agit d’un point d’attention majeur exprimé par les étudiants et les différents acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La finalisation des travaux est attendue à l’été 2021.

Perspectives 2021

Quelles sont vos perspectives 2021 et comment la CTI se prépare à la suite ?

La CTI compte évidemment continuer à travailler sur les sujets spécifiques évoqués ci-dessus et poursuivre ses activités et projets en partenariat et en dialogue permanents avec ses parties prenantes françaises dont les principales sont le MESRI, le Hcéres, la CEFDG, la CDEFI, le BNEI… 

En 2021, la CTI poursuivra également son implication dans les projets internationaux dans lesquels elle est actuellement engagée :

  • Représentation de la France aux côtés du Hcéres dans le Peer group C on Quality Assurance dans le cadre du processus de Bologne ;
  • Programme EMORI de l’Union Européenne : Appui à la création d’une Agence Nationale d’Evaluation et d’Accréditation dans le domaine de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Tunisie (appel d’offre remporté par le consortium français constitué de 4 partenaires : CTI, France Education International, Hcéres, Sofreco) ;
  • Projet Erasmus+ DEQAR CONNECT : développement du registre européen EQAR et transmission automatique des avis, décisions et rapports de mission de la CTI dans cette base de données ;
  • Projet Erasmus+ MEDACCR : soutien aux pays partenaires du programme, Algérie, Jordanie et Tunisie, pour créer un système d’assurance qualité les amenant à être autorisés à délivrer le label qualité européen EUR-ACE® aux formations d’ingénieurs dans leur pays ;
  • Groupe de travail de la Délégation aux Affaires européennes et internationales du MESRI sur l’internationalisation et la transition environnementale.

Par ailleurs, rappelons qu’un tiers des membres de la commission a été renouvelé en 2020. Comme les 32 membres de la CTI se réunissent en distanciel depuis février, il y a des nouveaux membres que nous n’avons encore jamais rencontrés en présentiel.

Il y a donc bien sûr le souhait de revenir à des activités qui impliquent du présentiel, mais la CTI s’adaptera en temps réel avec agilité, comme elle l’a fait en 2020.

Nos deux priorités de fond restent inchangées : maintenir un accompagnement de qualité en étant à l’écoute et nous adapter aux contraintes des établissements.