L’insertion des jeunes diplômés de la promotion 2014


Comme chaque année, l’Apec a mené une enquête auprès de 4750 jeunes diplômés de niveau Master 2 et plus de la promotion 2014 pour connaître, à un peu moins d’un an (le terrain a été réalisé en avril 2015) leur devenir professionnel.
Rappelons que l’Apec réalise également des enquêtes à deux ans qui permettent d’évaluer de façon plus « stabilisée ».

62 % des jeunes diplômés de la promotion 2014 déclarent être en emploi au moment de l’enquête, proportion qui n’a pas varié par rapport à la précédente promotion. C’est le taux d’emploi le plus bas observé depuis 5 ans. Il est au même niveau qu’en 2010 (promotion 2009), année où les conséquences immédiates de la crise économico-financière se faisaient sentir avec une acuité particulière.
Au moment de l’enquête, 72 % des diplômés déclaraient avoir déjà été en emploi. Ce taux d’insertion est lui aussi quasi identique à celui de l’année dernière (71 %). Cependant, la proportion de diplômés recherchant un nouvel emploi augmente, traduisant un net recul de l’emploi stable.
Les ingénieurs sont, comme à l’accoutumée, les mieux lotis puisque leur taux d’emploi est de 71% et leur taux d’insertion (ceux qui ont occupé un emploi depuis leur diplôme) de 77%. 23%, quand même, sont en recherche d’emploi au moment de l’enquête.
Cette enquête fait, comme les autres, ressortir combien anticiper sa recherche est un facteur de succès, comme le montre le tableau ci-dessous, qui montre que le taux d’insertion de ceux qui ont démarré leur recherche avant l’obtention de leur diplôme est bien meilleur.

Ce sont les diplômés en sciences qui anticipent le plus leur recherche : 61% de ceux qui sont en poste avaient commencé leur recherche d’emploi avant l’obtention de leur diplôme. C’est 31 points de plus que ceux qui, dans ces disciplines, en sont encore à rechercher leur premier emploi.
A contrario, les jeunes issus des disciplines à insertion plus difficile commencent beaucoup plus tardivement leur recherche : respectivement 49 % et 46 % pour ceux qui sont en poste contre 21 % et 24 % pour ceux qui recherchent leur premier emploi.
On voit donc que l’avantage en termes d’insertion dont bénéficient les diplômés scientifiques est encore renforcé par une meilleure anticipation de la recherche du premier emploi.
Même si cette étude ne s’y est pas intéressée, il y a fort à croire que les jeunes formés en alternance sont pour cela dans les premiers rangs : même si l’entreprise où ils ont effectué la partie pratique de leur cursus ne les engage pas , leur acculturation au monde du travail et à ses rythmes, un début de réseau et la motivation les amènent à se consacrer aussi rapidement que possible à leur recherche.

Conséquence d’un marché trop détendu, les conditions d’emploi se sont nettement dégradées pour cette promotion ; CDI et statut cadre sont moins fréquents. Sur ce point aussi, le sort des diplômés d’écoles est bien meilleur.

Le marché, plus favorable aux diplômés d’écoles, est aussi relativement ouvert aux jeunes diplômés dans des disciplines techniques et scientifiques, en particulier celles liés aux technologies numériques, dont les conditions d’emploi sont les meilleures, y compris pour les diplômes universitaires.
Les entreprises et administration s’adaptent ainsi à une relative difficulté à recruter des compétences technique ou scientifiques.
Les filières en alternance sont fortement avantagées par cette tendance. Elles portent aussi une diversification sociale des recrutements.
L’écart entre le devenir des ingénieurs issus des écoles et les diplômés universitaires tend ainsi à se réduire.
On peut estimer que les écoles, qui ont sur le terrain de l’apprentissage un savoir-faire reconnu, des réseaux dans le monde du travail, une plus grande capacité à encadrer les élèves que les universités, pourraient miser sur le développement des filières en alternance pour maintenir un certain avantage compétitif sur ces dernières.
Le recrutement des élèves en apprentissage a aussi pour avantage de lever, en partie au moins, le frein ressenti par les familles modestes, qui ont tendance à se tourner vers l’Université.

Le marché de l’emploi aura aussi cette année, opéré une forte baisse des salaires, dont le niveau a fortement baissé, en médiane (29 400€ à 25 700€) comme moyenne (28 700 à 26 500€). Comme le montre le tableau ci-dessous, les ingénieurs restent à des niveaux supérieurs, comme d’ailleurs leurs collègues universitaires de disciplines équivalentes.

Mais au final, même si une majorité a dû s’adapter, du point de vue du salaire, des conditions d’emploi et de la nature des missions, les jeunes manifestent une bonne satisfaction quant à leur premier emploi. Est-ce le sentiment d’être parmi les chanceux qui ont échappé au chômage ?

Au total, et en tenant compte des disparités importantes entre les disciplines et les natures de diplômes, qui sont largement à l’avantage des ingénieurs, les diplômés de cette promotion auront eu à affronter un marché peu accueillant.